Le prologue - Axes de lecture

I- L’exposition
D’habitude, les faits antérieurs à l’action sont présentés par les personnages dans un dialogue artificiel destiné à informer le public. 

Anouilh n’ adopte pas ce procédé classique ; il confie la tâche de l’exposition au prologue, un personnage qui figure également dans Antigone de Sophocle. 

L’ambiance de la tragédie est annoncée dès le début à l’aide de termes ayant trait à la mort :
- Elle pense qu’elle va mourir .
- Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et mourir .
- C’est le messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure.
- Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement punis de mort.
Le prologue souligne l’écart existant entre les protagonistes de la tragédie classique et celle d’Anouilh. 

A part Antigone présentée comme une jeune fille grave et pensive, les autres personnages se singularisent par leur extrême banalité. Par ailleurs, le texte d’ouverture foisonne d’indices qui traduisent le souci d’innovation qui anime l’auteur et dont nous verrons quelques exemples dans le troisième axe.

II- Antigone
De tous les personnages, Antigone se distingue déjà comme un être à part. Elle n’est pas belle comme la plupart des héroïnes, mais elle jouit d’une grande force de caractère. Le nom qu’elle porte et qui contient les lettres du mot AGONIE la prédestine à une fin tragique explicitement soulignée par le Prologue :
- Mais il n’ y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout.
La jeune fille qui tiendra tête à Créon un peu plus loin est présentée dans une position méditative :
« Elle ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. »
Elle est conscient de la mission difficile qui l’attend, mais elle est prête à l’accomplir à tout prix:
« Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout. »
La petite maigre, noiraude et renfermée s’oppose en tout à sa soeur Ismène qui incarne le modèle de la beauté féminine : la blonde, la belle, l’heureuse Ismène. Son physique n’a donc rien à voir avec le corps de charme traditionnellement prêté aux héroïnes des tragédies.

III- L’originalité d’Anouilh

Anouilh transforme le Prologue, personnage grave souvent incarné par un dieu dans la tragédie antique, en personnage tout à fait ordinaire qui sait lire dans la souffrance des hommes. Il compose sa pièce en prose et non en vers comme c’est le cas de la tragédie classique. 

D’autres nouveautés se remarquent dans cette première scène telles que le fréquent usage des anachronismes, (Gardes qui portent des chapeaux et qui jouent aux cartes, Eurydice qui tricote…), le langage familier et la considération d’Antigone comme un personnage démythifié, c’est-à-dire comme qui n’a rien à voir avec la grandeur tragique des héroïnes antiques.
Le prologue - Axes de lecture Le prologue - Axes de lecture Reviewed by Admin on octobre 09, 2019 Rating: 5

Aucun commentaire:

Fourni par Blogger.